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STOP A L'EXPLOITATION ANIMALE

Patous et randonneurs

11 Août 2010, 16:41pm

Publié par VGBIO

FNE

http://loup.fne.asso.fr/fr/etude-patous-et-randonneurs.html?cmp_id=37&news_id=204&vID=

Dans le dernier bulletin du réseau loup de l'ONCFS, Jean-Marc Landry livre les premiers résultats d'une étude sur les patous et les randonneurs. Alors que certains font gonfler la polémique sur l'incompatibilité de la présence de ces chiens avec les touristes, l'article de l'éthologue livre les premiers enseignements d'une étude du comportement de ces chiens. 

 

 

 

 

Spécialiste du loup et des chiens de protection

Biologiste et éthologue, Jean-Marc Landry, depuis le retour du loup en Suisse, se consacre à la réhabilitation de l'animal. Auteur de plusieurs ouvrages sur le loup, il s'est également consacré à l'étude des mesures de protection des troupeaux en tant que responsable de la prévention au sein du " projet loup suisse ". Un poste d'observation idéal pour étudier le comportement des chiens de protection.

La polémique sur l'incompatibilité patous et randonneurs

Comme en France, le retour du loup dans les années quatre-vingt-dix dans le Valais suisse a eu pour corollaire la mise en place des chiens de protection au sein des troupeaux dans cette région très touristique. Très vite, la présence de ces gros chiens a soulevé l'inquiétude des éleveurs et des élus, dont certains voulaient même en interdire la présence. La polémique concomitante sur les chiens dangereux a amalgamé les chiens de protection au débat. Mais ces chiens de protection représentent-ils réellement un risque pour les randonneurs ?

Pas de danger

Trois études menées en France et en Suisse, basées sur l'observation des chiens, concluent que le chien de protection, de la race Montagne des Pyrénées, ne représente pas un danger pour les randonneurs. Une étude expérimentale norvégienne arrive à la même conclusion. Néanmoins, l'échantillonnage des chiens et des estives utilisés dans ces études est trop faible pour pouvoir généraliser les résultats à l'ensemble d'un massif ou même d'une population de chiens de protection. Aussi, une nouvelle étude a-t-elle lancée par Jean-Marc Landry avec un nombre de chiens et d'estives observés plus important.

Un programme de recherche

L'objectif de cette étude est d’identifier s’il existe un dénominateur commun concernant les stimuli qui déclencheraient un comportement agressif du chien. Deux hypothèses sont étudiées :

  • la réaction du chien de protection (aboiement, approche) est dictée par la distance qui le sépare des randonneurs et non par le comportement des marcheurs ou la présence d’accessoires (bâtons de marche).
  • la réaction du chien de protection est dictée par son tempérament et non par le comportement des marcheurs ou la présence d’accessoires.

L’étude a démarré en 2009. 52 chiens sur 18 estives ont été étudiés pendant l’été 2009. L’étude se poursuit sur 2010.

Premiers résultats

Les premiers résultats montrent que les chiens ne réagissent pas systématiquement au passage des randonneurs et entrent encore moins en interaction. Seuls 6 % des passages donnent lieu à des contacts. La fréquence des aboiements varie également selon les individus.

La composition du groupe (homme, femme, enfant), la présence d’accessoires (bâtons, sacs à dos, chapeaux) ou encore le comportement des marcheurs (marche lentement ou non, discute ou pas) n’ont pas d’influence sur la réaction et l’interaction des chiens de protection. La distance de passage des randonneurs par rapport au troupeau et au chien ne semble pas non plus influencer le comportement des chiens, mais sur ce point des analyses plus poussées sont encore en cours.

En revanche, le tempérament du chien semble être la source du problème. Le comportement du randonneur au contact du chien devient prédominant face à un chien au niveau de réactivité bas. Dans ce contexte, un geste brusque peut entraîner une réaction agressive du chien. Ce comportement du chien peut être expliqué par le manque d’assurance ou la peur qu’il éprouve.

Si le comportement des randonneurs (certains ont été observés avec les enfants se couchant sur le chien pour faire une photographie) ou la présence d’accessoires étaient à l’origine des accidents par morsure, leur nombre serait beaucoup plus élevé que ce qui est enregistré. Or, ces accidents sont relativement rares au regard du nombre de personnes auquel sont confrontés les chiens de protection.

Premières réponses

Les comportements agressifs sont déclenchés dans le but de protéger une ressource, (des croquettes déposées sur le bord du sentier, des chiots à la cabane du berger). Si les marcheurs passent trop près de ces ressources, le chien réagit agressivement. Il arrive aussi qu’un chien frappé par un objet associe ensuite cet objet à une menace et réagit donc de manière agressive.

Si la majorité des chiens de protection ne représente pas une menace, il n’en demeure pas moins que les usagers de la montagne peuvent ressentir la présence de ces grands chiens comme une agression. Il conviendrait donc pour limiter les accidents de choisir des chiens capables de supporter les réactions inadéquates des marcheurs, et ce particulièrement dans les zones très touristiques. Selon Jean-Marc Landry, le chien de protection doit présenter quatre " comportements " de base :

- l’attachement du chien au troupeau

- le respect du troupeau et des animaux qui le constituant

- la protection

- la tolérance à l’humain.

Ce dernier comportement nécessite d’améliorer la méthode d’élevage et d’éducation des chiens mais aussi leur sélection. Les chiots devraient ainsi être confrontés à des stimuli négatifs pour leur apprendre à les gérer. La sélection peut également augmenter ou diminuer le seuil de tolérance. Il ne sera sans doute pas possible d’atteinte le niveau " zéro morsure " mais par une sélection adéquate, une connaissance améliorée de ces chiens et une meilleure information du public le risque d’accident pourrait être diminué.

 

Des attitudes adéquates

 

Quelques recommandations simples permettent d’éviter de surprendre les chiens de protection, de se rassurer et de diminuer le risque de morsure.

  • Essayez dans la mesure du possible de contourner le troupeau
  • Tenez tous vos bâtons dans une seule main et portez votre sac à dos sur une seule épaule en arrivant à proximité du troupeau
  • Si vous traversez le troupeau, vérifiez que le chien vous a bien repéré (évitez de le réveiller en sursaut en passant à côté de lui)
  • Si vous entrez en contact avec un chien, faites-lui toujours face (la plupart des chiens mordent par derrière). Vous pouvez utiliser votre sac à dos ou votre veste pour créer une distance avec le chien et éviter qu’il ne pénètre dans votre distance individuelles, ce qui augmente votre sentiment d’insécurité. Ceci évitera aussi que la prise de contact ne se fasse directement sur une partie de votre corps.
  • Vous pouvez ordonner au chien de rejoindre le troupeau avec un vigoureux " file au troupeau " ou " file aux brebis ", ordre donné souvent par le berger au chien.
  • Essayez de rester naturel et d’augmenter la distance entre vous et le chien. Ne gardez pas vos épaules contractées, cette attitude inquiète le chien.

Sources : Bulletin Quoi de neuf ? n° 23 – Juillet 2010- ONCFS

Télécharger le bulletin Quoi de neuf en format PDF

Voir aussi notre article à propos des chiens de protection et les touristes et le film Les gardiens de nos troupeaux


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